1 Mars 2019

[ENTRETIEN] Jean Maréchal : Galileo vous rend déjà service et vous n’êtes pas au courant ?

Alors que février sonne la mise en service de la « constellation des 22 » pour Galileo, Jean Maréchal, responsable des programmes de navigation par satellite au CNES a accepté de faire un point d’étape sur cette mission et sur ses bénéfices pour le grand public.
On commence à parler de la mise en service effective de Galileo. Concrètement, que faut-il faire aujourd’hui pour bénéficier des services très précis de géolocalisation de Galileo sur son téléphone ?

Jean Maréchal : Absolument rien ! Aujourd’hui plus de 120 modèles de téléphones et de tablettes utilisent déjà Galileo et 50 millions de puces sont produites chaque mois. Pour un utilisateur particulier, il est possible de consulter le site de la GSA pour connaître la liste des terminaux compatibles avec Galileo. Si tel est le cas, son téléphone ou sa tablette est certainement relié à Galileo car les récepteurs favorisent les meilleures données disponibles en matière de précision. Actuellement, un chantier est en cours avec les fabricants de puces électroniques pour que Galileo – plus précis en terme de géolocalisation – soit utilisé au minimum au même niveau de priorité que GPS. En effet, grâce à ses satellites plus récents que la constellation GPS, Galileo offre des services plus modernes et donc plus performants.

Par ailleurs, il est primordial que les infrastructures critiques en Europe (telles que les réseaux informatiques et bancaires, les réseaux de distribution électriques haute tension ou les infrastructures de transports) reposent sur Galileo et pas seulement sur GPS afin de garantir une continuité de service et l’autonomie européenne. Les Etats membres discutent actuellement avec la Commission européenne sur la façon de mettre en œuvre cette obligation d’utiliser le système européen pour leurs moyens critiques.

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Jean Maréchal Crédits : © CNES/LECARPENTIER Lydie, 2018

Et quel est le rôle du CNES à présent dans Galileo ?

JM : Depuis le départ, le CNES a joué un rôle essentiel dans le développement et le déploiement du système Galileo. Il a notamment contribué au programme scientifique et technologique qui a vu la mise en place des nouveaux signaux de navigation (plusieurs brevets déposés), et a réalisé la mise à poste pour une partie des lancements doubles Soyouz et pour les trois lancements quadruples Ariane 5 de 2016, 2017 et 2018.

Aujourd’hui, une trentaine de personnes travaillent sur la navigation par satellite au CNES sur des thématiques comme l’expertise système, les signaux, le positionnement précis, le secteur aval ou encore le support à l’industrie. Le CNES Toulouse est également responsable des opérations du segment sol SAR (Search and Rescue) de Galileo, et de son nouveau service « voie retour » vers les balises de détresse.

Par ailleurs, le CNES a signé deux conventions avec la GSA (European Global Navigation Satellite Systems Agency) pour surveiller de façon indépendante la performance des systèmes Galileo et EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service).

Le CNES accompagne également Galileo grâce à plusieurs experts nationaux détachés dans les équipes de maîtrise d'ouvrage de la Commission européenne et de la GSA et participe à l’équipe intégrée EGNOS ESA/CNES.

Enfin, la 2e génération du système Galileo est déjà en cours de définition. Les experts système, signaux et positionnement du CNES participent aux groupes de travail et aux revues du programme.

Le CNES est donc toujours très impliqué dans Galileo à ce jour.

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Répétition lancement des satellite Galileo Crédits : © CNES/GRIMAULT Emmanuel, 2017

Début 2019, la GSA a lancé une campagne de promotion des services Galileo avec le slogan « La précision compte ». Pourquoi une communication à destination du grand public et qu’en pensez-vous ?

JM : C’est la première fois que la GSA s’adresse directement au grand public. Jusqu’alors, elle avait plutôt l’habitude de communiquer vers les utilisateurs professionnels. Je pense que cette opération vise à montrer la réussite technique de Galileo aux citoyens européens, afin de leur faire prendre conscience que ce système est fiable et plus précis que le GPS. L’occasion aussi de dire que l’Union européenne permet de réaliser de beaux projets commun.

Pour ma part, je trouve cette campagne réussie et assez drôle. Elle a été traduite dans les 25 langues de l’Union Européenne et prouve que Galileo c’est concret, ça fonctionne et que c’est directement au service du citoyen. A découvrir donc !

Jean Maréchal

Jean Maréchal est responsable des programmes de navigation par satellite au CNES. Il coordonne les activités du CNES, est en contact avec les industriels et représente la France au comité des programmes de navigation de l’UE, au Program Board Navigation de l’ESA et à l’Administration Board de la GSA. Passionné de spatial, il a rejoint le CNES en 2001 et travaille depuis 2004 sur des sujets en lien avec la navigation par satellite.


LA GSA

La GSA est responsable pour le compte de l'Union européenne de l’exploitation des systèmes de navigation par satellite et du développement du secteur aval (applications). En mars 2018, Jean-Yves Le Gall, Président du CNES et coordonnateur interministériel français pour les programmes européens de navigation par satellite, a été réélu à l’unanimité en qualité de Président du Conseil d’Administration de la GSA.


GPS, Galileo, Glonass etc… : la précision compte !

4 constellations mondiales de géolocalisation sont disponibles à ce jour : le GPS américain, Galileo européen, le Glonass russe et le Beidou chinois.
La constellation américaine GPS est complétement opérationnelle depuis 1994. A l’origine, elle a été créée pour répondre à des besoins militaires.
Galileo sera complète en orbite en 2021. Initiée par l’Union Européenne, sa dimension civile est primordiale, même si elle a aussi vocation à garantir l’indépendance stratégique de l’Europe.
Glonass a été opérationnelle une première fois en 1996 et est maintenue de nouveau en service depuis 2011. Elle possède historiquement une forte dimension militaire même si elle est utilisée également dans le domaine civil.
Beidou sera opérationnelle en 2020. Elle a une double vocation civile et militaire.
Les signaux de ces 4 constellations peuvent être utilisés ensemble (interopérables) pour une meilleure disponibilité de service, mais également individuellement (avec un calcul d’exclusion) selon le besoin, pour les utilisateurs professionnels notamment.
A ce jour, la précision des mesures Galileo est 2 fois meilleure par rapport au GPS.


Galileo

Décidé au début des années 2000, Galileo vise à rendre l'Europe indépendante du système de géolocalisation américain GPS (Global Positioning System). Pour cela, l'Europe a imaginé une constellation de 30 satellites concurrente du GPS américain, du système russe GLONASS et du système chinois BEIDOU. Actuellement, la 2è génération de Galileo est à l’étude : quel sera son périmètre d’action ? ses nouveaux services ?

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